l'éducation d'une fée

revenir ici ou ailleurs
revenir ou ne pas revenir
et finalement retenir
ce quE la vie laisse de traces
pour tisser le lien avec les unes ou, l'autre.
le printemps révolu fait place à l'automne, la maison résonne du silence qui succède à l'été, des saisons qui n'en furent pas mais qui pourtant ne se feront pas oublier.
aux mots les solutions, aux maux le moyen de donner à comprendre l'autonomie
quelques semaines pour entrainer la petiote à voler de ses propres ailes, pour une sortie du nid en douceur ... pas un grand saut hors du poulailler comme d'autre !
hasardeuse autorisation à démontrer sa capacité carthésienne propice à sa survie :
depuis le jeune âge de la poulette, un mot rémanant qui pourtant semble vain est enfin devenu une réalité : range ta chambre ! validé à la veille du grand départ mais validé quand même aprés trois jours d'harassantes fouilles à remonter les âges jusqu'à l'ingratitude.
enfin, aussi extraordinaire que cela ait pu paraitre, le lave-linge, que la poulette sait utiliser depuis presque déjà trois ans , a été déserté plus de trois jours avant le départ : anticipation - validé.
savoir exprimer une demande auprés une autorité compétente de l'administration et comprendre la réponse - validé
savoir prendre le métro toute seule _ validé
savoir se faire à manger toute seule _ validé
mais raconter et reproduire les recettes du poulailler - oOooh secours maman



l'idée n'est pas de moi mais de mme l'infirmière, et je me souviens que l'idée me trotta si vite dans la tête qu'il me fallut la mettre à l'épreuve le soir même !
l'explication est simple mais si peu claire à formaliser abstraitement quil est fort possible que même quelques clichés vous laissent dubitatives.
et pourtant c'est simple. il suffit de poser le magret de canard face contre table, le couper en deux et entailler chacun des morceaux d'une large boutonnière, retourner de manière à obtenir un tourne_dos de canard.
et le magret devient tellement plus facile à saisir, au barbecue, à la plancha ou même à la poële ... avec des navets juste sautés et des carottes même pas glacées.
choisir de jeunes navets, les peler, les tailler en "frite" et les faire colorer dans l'huile d'olive, couvrir et laisser cuire doucement, en fin de cuisson, déposer une pointe de curry vert.
carottes même pas glacées : parce qu'il y avait eu une erreur de casting sur l'outil à utiliser pour faire des tagliatelles de carottes, il restait des languettes de carottes, hop pop hop, elles ont sauté sur le beurre fondu dans la cocotte, en quelques aller et retour, les voilà dorées, cuites et pourtant encore croustillantes, sel, poivre, ail et persil.
oui mais pourquoi des tagliatelles de carottes ? à l'heure qu'il est, le soleil brille, la rosée séchée, le jardin m'appelle, les grues passaient hier, si hautes que je ne pouvais les voir, c'est les oies que nous avons vues.
j'ai des choses à prier. avec une branche morte, tu relèves un petit arbre cassé et tu le coinces, pour le sauver. j'ai vu papa qui le faisait. c'est un truc magique, pour prendre la force des arbres qui te remercient. lui, il disait : "je vous en supplie, faites qu'on se retrouve" il parlait de maman, alors, j'ai fait pareil avec toi, mais moi j'ai sauvé un plus gros arbre et t'es là. ça te revient ?
- un peu.
_ super !
- bon écoute, je dois m'en aller ...
il me retient, paniqué.
- non, tu peux pas ! faut que tu restes cachée !
- pourquoi ?
- tant que je t'ai pas rendu tes pouvoirs, c'est trop dangereux. y'a des sorciers qui bouffent les fées en omelette, j'te signale !
- moi aussi j'ai faim, raoul ... il faut que je mange.
- je m'en occupe. mais tu bouges pas, promis ?
je soutiens son regard. les larmes me viennent devant tant de supplications, tant d'attente et d'espoirs.
- promis ?
- promis.
son visage s'illumine, il précise :
- attention, si tu tiens pas tes promesses, t'existes plus.
- et combien te temps je dois rester cachée ?
- faut que tu réalises mes voeux. ça fera la preuve que t'as retrouvé tes pouvoirs et que tu risques plus rien.
- et quels sont tes voeux ?
- tu peux pas encore.
- dis toujours : j'essaierai de m'entrainer.
- tu le crois, alors, que tu es une fée ?
- oui. si tu le penses?
son sourire jaillit, disparait aussitôt. il redresse la tête, prend sa respiration, brandit le poing sous mon nez et lève un doigt aprés l'autre.
- un : grandir. au moins être à un mètre vingt-huit comme ludovic. deux : que maman divorce pas et qu'elle recommence à aimer papa comme avant. trois : que papa rencontre une autre femme, pour qu'il soit à égalité avec maman, comme ça elle pourra garder aussi le type qu'elle a rencontré, parce que sinon ça marche pas. j'ai vu, avec les parents de ludovic ; mme sarres elle a obligé son mari à plus voir son autre femme, et depuis c'est la merde, ils s'engueulent toute la journée. O.K. ?
j'esquisse une moue et je murmur sur un ton timide :
- tu veux que je réalise les trois voeux en même temps ?
- pas dans l'ordre, t'es pas obligée. et puis faut pas que je prenne d'un coup vingt centimètres : ça ferait louche. O.K. ?
- O.K.
il me tend sa main pour toper ... 
l'éducation d'une fée - didier van cauwelaert

2 commentaires:

  1. Oh que je suis contente, trois fois contente :
    -Retrouver le chemin de ton blog
    -D'apprendre que l'installation parisienne de ta Fée-Grenouillette est réalisée
    De revoir en photos les fameux magrets que tu nous avais préparés avec tant de bonheur.
    Contente, contente, contente !!!
    Je vais faire un petit tour dans ton jardin et je reviendrai
    A bientôt Bises

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